Se déplacer dans Lima

Fermez les yeux. 

Oubliez. Oubliez le métro dans lequel on annonce le temps d’attente. Oubliez les bus RATP spacieux et aérés. Oubliez les taxis G7. Oubliez tram, scooter, voitures neuves et Vélib’. Oubliez les panneaux de circulation. Oubliez le code de la route. Oubliez l’interdiction de klaxonner près des hôpitaux. Oubliez la priorité piétons. Oubliez vos habitudes de piéton, conducteur, vélibeur. Oubliez métro-boulot-dodo. Oubliez tout.

Vide.

Vous êtes désormais prêts à imaginer les larges avenues qui transpercent la capitale péruvienne. Imaginez des nids d’autruche piétinés par un troupeau de pachydermes. Imaginez des rues quasiment sans passages piétons. Le tout avec un minimum de feux de signalisation (privilège des grands axes). La place de l’Étoile est un défilé militaire à côté des rues liméniennes.

Accélération.

Imaginez 8 millions de personnes qui se déplacent en voiture, en taxi, en moto-taxi (pousse-pousse motorisés), et en combi (ou micro ou scoter). Un unique policier dans sa case Inka Cola à quelques intersections pour réguler tout ce joyeux bazar. Cela donne à peu près ça:

[Klaxon strident]+[crissements de pneus]+[bruits de moteur]+ sifflets + « todo bolivar, arequipa, todo arequipa, larcomar, larcomar » x5 x3 voies x 2 sens x 1 croisement = graoraofejvzoj ozjv ozjvn oz iiiiiiiiiiiiiiiii ttttttttuuuuuuuuut vaarrarrrrroumm

Les accidents sont donc évidemment très courants. Par chance je n’ai encore ni assisté ni eu moi-même d’accident. Je pense que c’est surtout par chance car en bonne parisienne que je suis, j’ai l’habitude de traverser quand et où je veux et de voir les voitures s’arrêter pour me laisser passer. Or, au Pérou, les piétons ne font pas la loi

Le combi est donc légendaire, à tel point qu’il a depuis peu sa propre application sur Facebook, adaptation du jeu crazy taxi au moyen de locomotion privilégié des péruviens. 

combi

Testez l’application

En zone rurale, les combis sont des vans personnels, voire seulement des voitures, dans lesquels n’importe qui peut monter pour quelques soles et un peu d’amabilité! 

 

Prendre le combi, c’est aussi se plonger dans un concentré très intense de Pérou (comme ce doit d’ailleurs l’être pour l’Équateur où l’on trouve également des combis).

– Du bruit, beaucoup de bruit entre la musique à fond (cumbia, raggaeton ou notre Indochina national), le criador qui annonce les grands axes desservis, fait monter les passagers, la rue et les autres voitures et récolte les sous. Car bien sûr on laisse les fenêtres ouvertes – si tant est qu’elles peuvent fermer – pour pouvoir respirer,

– Un ou plusieurs portraits du Christ et de saints, plus ou moins relookés. Le must: le Jésus qui clignote quand le combi freine! Une protection divine ne peut être qu’une aide pour conduire ces engins, surtout dans un pays assez religieux,

– Une déco personnalisée: Dragon Ball Z juxtant Jésus, des leviers de vitesse en forme de lombric (fabriqué à l’aide d’un tuyau d’aspirateur) et à embout à l’effigie de Jésus toujours. Le nom de la mère du chauffeur est souvent peint à l’arrière du combi et des sièges recyclés, cassés, rafistolés, penchés, branlants, sont vissés pour le « confort » de nos amis passagers.

 

L'utilisation du combi est déconseillée aux personnes de plus d'1.70m

L'utilisation du combi est déconseillée aux personnes de plus d'1.70m

Il suffit de quelques jours seulement pour s’habituer à ce moyen de transport insolite et exotique. L’adaptation est accélérée à l’idée de marcher, car les distances sont mine de rien impressionnantes (ne songez jamais à traverser Lima ou bien seulement un ou deux quartiers à pied, c’est folie!). Certes il reste le taxi, mais le combi est bien plus sûr et bien plus intéressant!

6 réponses à “Se déplacer dans Lima

  1. cela rappelle un peu la circulation dans Le Caire avec Jésus en plus !
    prudence s t p …

  2. Ton article est super – et m’aide bien à me préparer, je serai à Lima lundi! Je t’inclu dans la revue des blogs que je fais au travail, à paraître la semaine prochaine, merci!!

  3. Pingback: Revue des blogs: Amérique du Sud « Le blog de la communauté de TripAdvisor.fr

  4. Pingback: La désorganisation des transports dans Lima et ses problèmes « Lima – Delhi

  5. Ça me rappelle les taxi péruviens, encore plus émotionants qu’un grand-huit ! On les surnomme Transformers, parce que beaucoup sont des voitures japonaises, donc avec le volant à droite, sauf qu’en Bolivie le volant doit se trouver à gauche, donc les gars démontent le truc à la main, collent un nouveau jeu de pédales, percent le tableau de bord qui mis à part le trou pour le volent reste en l’état. Donc tu te retrouves sur le siège passager avec devant toi les compteurs (qui ne marchent pas) et un jeu de pédales. Pas de compteur de vitesse pour le conducteur, ça sert à rien !

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